Projet de communiqué

Les questions que soulèvent les migrations interrogent une fois de plus nos sociétés à l’occasion de la discussion d’un nouveau projet de loi présenté au Parlement.

Dans son esprit, comme dans son contenu, le texte qui vient d’être adopté ces derniers jours à l’Assemblée nationale et qui sera présenté dans les tout prochains jours au Sénat soulève plusieurs questions de principe qui ne peuvent laisser les Eglises indifférentes :

C’est tout d’abord la volonté affirmée par le Ministre, comme par les membres de sa majorité, de réduire l’immigration familiale au profit d’une immigration économique. Si nous comprenons le souhait du Gouvernement de mieux adapter l’immigration aux besoins et à la capacité d’accueil du pays, il ne nous paraît ni convenable ni conforme à nos valeurs de vouloir contingenter l’exercice du droit des étrangers à vivre avec leur famille. Nous craignons que les mesures envisagées viennent encore plus fragiliser des milliers de familles déjà en difficulté.

C’est l’instauration d’un test génétique aux fins de vérification ou d’authentification des membres d’une famille. Cette intrusion dans la vie privée et l’intimité des familles nous choque, tout comme il est choquant de constater que la représentation nationale accepterait une telle intrusion dans la vie des familles étrangères alors qu’elle le prohibe à l’égard des familles françaises.

C’est aussi la réduction de moitié du délai pour que les demandeurs d’asile puissent saisir la commission des recours des réfugiés, mesure dont la portée concrète risque fort de réduire à bien peu ce droit d’appel essentiel pour des réfugiés qui ont fui et sollicitent la protection de la France. Nous ne pouvons oublier, à cet égard, la promesse que le Premier Ministre nous avait faite, en avril 2006, de ne pas modifier négativement ce délai.

C’est encore l’amendement qui prévoit d’exclure les personnes sans papiers de la possibilité de se maintenir dans les structures d’hébergement d’urgence. Pour nos Eglises, la protection et l’assistance à apporter aux plus pauvres ne peuvent tolérer aucune discrimination.

Les risques de fragilisation accrue des familles étrangères et des demandeurs d’asile ne peuvent laisser les Eglises de France sans expression. C’est pourquoi nous invitons les parlementaires à porter dans leurs débats et votes à venir la plus grande attention au respect et à l’attention que chaque personne et chaque famille pourront, ou non, recevoir du fait des mesures qu’ils s’apprêtent à adopter.

La Fédération protestante de France invitera, quant à elle, les Eglises et les mouvements qui leur sont proches à veiller aux conditions d’accueil, de protection et d’accompagnement des migrants. Elle fera en sorte que, dans un contexte marqué souvent par la méfiance, ce soit les valeurs d’humanité, de confiance et d’intégration, qui prédominent dans notre pays.

Signatures :
Fédération protestante de France
Mission Populaire Evangélique de France
Cimade
Fédération de l’Entraide Protestante
Casp
Fondation de l’Armée du Salut