Les risques

Ulrich Beck pense que la gestion des risques est l’enjeu majeur de la civilisation contemporaine. Pour lui, l’ Europe est la dernière utopie politique. Il est convaincu que la technique et la mondialisation peuvent être maîtrisées et refuse la facilité du pessimisme.

Complément au dossier sur le risque : Présence, n° de mars

Ulrich Beck

Ulrich Beck pense que la gestion des risques est l’enjeu majeur de la civilisation contemporaine. Pour lui, l’ Europe est la dernière utopie politique. Il est convaincu que la technique et la mondialisation peuvent être maîtrisées et refuse la facilité du pessimisme.

En France, peu de critiques se sont intéressés à ce sociologue allemand, auteur en 1986 de ” La société du risque : Sur la voie d’une autre modernité “, paru en Français dans Champs- Flammarion.

1986, c’est Tchernobyl. Pour Ulrich Beck , une ère nouvelle commence, celle d’une société où tout est perçu comme un risque . La sécurité devient valeur centrale, l’avenir un défi quotidien, l’anticipation des catastrophes une manière de refonder le lien social. De la théorie de la société du risque, naît une idée à succès : le développement durable.

En 2007, devenu une référence en sociologie, Ulrich Beck est chercheur à Munich. Il débat à l’étranger avec Toni Negri, Zygmunt Bauman, penseur du “Présent liquide ” et il se confronte aux théoriciens actuels. Il croit en un modèle politique neuf : l’Europe cosmopolitique.

La production des richesses engendre des risques. Une déprédation de l’environnement nuit à toutes les classes et traverse les frontières. Aujourd’hui, Ulrich Beck reformule sa théorie en identifiant plusieurs catégories de risques , nouvelles et transnationales : les catastrophes naturelles, les risques techniques résultant des nano-techniques ou des technologies de l’information, le terrorisme.

L’enjeu consiste à anticiper les conséquences des catastrophes intentionnelles.

Après la 2ème guerre mondiale, on a connu une très grande incertitude sur la notion de progrès ( relativité dans les sciences, armes nouvelles comme la bombe nucléaire, évolution des mœurs secouant les repères traditionnels ). Jean- François Lyotard a employé le terme de postmodernité pour cette phase de critique, de doute et de désenchantement.

Optimiste, Ulrich Beck croit au contraire à une seconde modernité réflexive. L’essor des sciences et des techniques se poursuit mais nous ne sommes plus naïfs. Nous sommes tenus de nous interroger individuellement ou collectivement sur ce qu’on est en train de faire ou d’expérimenter.

L’Europe pourrait être un ensemble à l’intérieur duquel la diversité serait reconnue. Avec une identité plurielle, propre à chacun, individualisme et cosmopolitisme s’encouragent mutuellement. Un système d'”empire “fondé sur le consensus entre différents peuples pourrait se propager également dans d’autres régions du monde et devenir une réponse à l’unilatéralisme des USA et au néonationalisme.

“Je reste surpris que le débat sur la mondialisation et sur le cosmopolitisme ne soit pas encore réellement accepté en France “.

Son dernier ouvrage s’intitule :” Pour un empire européen “.

Notes de lecture d’un article de Philosophie Magazine Sept 2007

( Gillette Gaudit )