Nos sociétés promptes à s’apeurer de tout, peuvent en guérir, elles ont un antidote l’arrivée régulière de toutes sortes d’étranges étrangers, d’immigrés, sur le territoire de l’hexagone.
En effet, si nous avons souvent peur, c’est parce que l’habitude d’être entre soi est bousculée par ces irruptions inattendues de la différence « au milieu de nous ». Dans nos familles, nos groupes d’amis, nos mouvements et parfois même nos Eglises, il est coutumier de constater que ceux qui diffèrent un peu du modèle de référence sont écartés ou s’éloignent par ce que mal accueillis ; quant à l’Etat, lui, il rejette brutalement, de manière honteuse « ces étranges étrangers ». Pourtant c’est une chance immense que nous avons de voir en permanence venir à notre rencontre des hommes et des femmes (une chance que nous mesurerions mieux si nous avions fait l’expérience d’être un pays sans attrait dont on s’écarte comme on s’écarte d’un pestiféré) ; en effet nous avons une chance immense, nous, si souvent découragés, déprimés, apeurés par le futur incertain, de voir venir vers nous des frères, pas menaçants du tout mais riches de ne pas être tout à fait comme nous*, pleins d’espérance, de projets et souvent arrimés à une foi prête « à déplacer des montagnes ».
Aussi, contrairement à la pensée commune, celle qu’un soi-disant réalisme nous dicte : « on ne peut accueillir toute la misère du Monde …. » Nous devrions saisir comme une chance cette « venue vers nous » et ceci pour deux raisons :
– la première profondément spirituelle : autant je ne sais pas au nom de quoi ne pas les accueillir : la nation ? la frontière ? l’identité ? la croissance ? l’emploi ? la richesse nationale ? aucune de ces raisons ne me paraît être fidèle à Jésus-Christ, mais autant je sais bien « au nom de Qui » je dois les accueillir inconditionnellement.
– Mais la seconde raison c’est que cet accueil inconditionnel va nous sauver ! quand demain il faudra partager un peu mieux les richesses du monde, quand demain la justice dans la répartition des biens de la Création nous conduira à être un peu plus pauvres (mais riches aussi par ailleurs), ceux qui auront déjà accompli un bout de chemin de partage avec tous ces frères et sœurs seront préparés ; ayant été préparés, ils seront alors témoins*, repères pour les durs moments qui nous attendent. Mais ces moments, d’ailleurs, seront-ils vraiment durs ? Faut-il en avoir peur ?
Non, ces moments-là seront salutaires ! Salutaires parce que libérateurs de tout ce qui nous possède aujourd’hui.
Aussi ces frères qui nous arrivent sont en quelque sorte notre avenir et notre salut et peut-être est-ce eux qui nous accueillent dans cette vie autre, différente, qu’il va falloir mener et dont nous avons tous besoin dans notre Occident aux abois !
Avec eux certainement nous le ferons dans la joie et l’espérance, alors frères et sœurs, merci de venir vers nous ! ne cessez pas de frapper à notre porte !
*(mais qu’est ce que ce « nous » par ailleurs qui ne prendrait pas en compte la Fraternité de tous sans exclusion ?)
* n’est ce pas cela être prophète, c’est-à-dire témoin de la Vérité du Monde qui vient.