Foyer Duchère – Le jour d’après

Comment penser l’après coronavirus ? Quelle espérance nous porte, alors que nous sommes empêtrés dans une crise aux multiples dimensions, sanitaire, écologique, économique et sociale ? dans ce contexte, le mot espérance a-t-il encore un sens ? Et si oui, lequel ?

Une parole m’inspire; celle que Jérémie a adressé à ses compatriotes de la part de son Dieu :
« je vous donnerai un avenir et une espérance ! ../.. Lorsque vous me chercherez de tout votre cœur, je me laisserai trouver par vous. » (dans la bible et le livre de Jérémie chapitre29).

Certes, adhérer à cette parole suppose un peu de foi même minuscule comme une semence. Pourtant, je suis convaincu que l’ensemble du livre est intéressant aussi pour des non-croyants, car il fait appel au bon sens et à la sagesse de chacun.

En effet, si l’on suit le prophète, espérer, ce n’est pas être dans le déni de la réalité. Ce n’est pas se bercer d’illusion et penser que nous allons pouvoir continuer comme avant et comme si rien ne s’était passé ; la crise sanitaire de laquelle nous ne sommes pas encore sortis, nous a révélé des dysfonctionnements sociétaux qu’il nous faut tenter de résoudre.
Plutôt que de tout miser sur les lois du marché, renforcer nos services publics notamment nos hôpitaux. Plutôt que continuer à piller la nature et ses multiples ressources, apprendre à respecter le monde des vivants. Plutôt que tout investir dans nos biens, privilégier les liens.

C’est à ce tissage de liens de fraternité dans le quartier de la Duchère que le foyer entend contribuer.

Pendant le confinement, les permanences téléphoniques proposées matin et après midi toute la semaine, le phoning effectué régulièrement auprès des personnes isolées, le portage de courses pour les plus vulnérables ont été autant d’initiatives pour continuer à cultiver les liens, malgré la nécessaire distanciation physique. Et maintenant, le Foyer a réouvert ses portes et repris certaines activités notamment d’accès aux droits (permanences des écrivains publics, de la Cimade, Médiation santé) et bientôt le vestiaire et Café Emploi dans le respect des règles sanitaires actuelles  pour être un foyer d’accueil sans être un foyer de contamination. Nous attendons de nouvelles directives pour envisager un accueil élargi à d’autres rendez vous.

A la lumière de cette espérance en un avenir possible et une société meilleure, nous pouvons passer de l’échec au recommencement, toujours à nouveau, remettre l’ouvrage sur le métier.
Encore faut-il reconnaître nos dysfonctionnements et accepter de changer et de réorienter nos vies autrement, bref être ouvert aux interpellations venant des autres plutôt que d’être replié sur soi et sur ses certitudes.


Christian Bouzy