par Guy Bottinelli, pasteur retraité actif
Même à doses homéopatiques…. il y a de quoi nourrir notre espérance
Quelle idée de mettre en relation deux termes aussi antinomiques, qu’économie et espérance !
Ce face à face peut paraître saugrenu si l’on considère que nous avons affaire à des sphères étanches, entre économie et religion, ce qui est dommageable pour chacune, car elles ont tout avantage à s’interpeller mutuellement.
Il ne s’agit pas en effet de donner priorité au prédicateur ou au moralisateur, mais d’accueillir aussi la manière dont les personnes sont insérées dans les jeux de l’échange. En termes de dialogue : tu me dis qu’il faut échanger, voire partager, moi je te dis comment j’essaie. Cette rencontre ne doit pas se cantonner à opposer des valeurs, mais (re)connaître des fonctions. Dans la religion – plus exactement, dans la théologie – doit-il y avoir une attention à l’économie ? Oui, dans la mesure où l’économie se décline en marché. Avant de le sacraliser ou de le diaboliser, reconnaissons qu’il est médiateur, passeur, et qu’avec lui, d’une certaine façon, « nous faisons société ». Est-ce que dans l’économie, il y a une place pour l’espérance ? Oui, dans la mesure où elle se décline en éthique, quand le terme de confiance apparaît dans nombre de réflexions. Car là où les pouvoirs publics tentent de réglementer le secteur, les rois de la finance déplacent leurs activités dans des circuits parallèles, au point qu’un véritable « sous-système » prospère. Aujourd’hui, la démarche éthique doit donc se prolonger dans un décryptage et un combat.
Décrypter et combattre !
C’est à partir des années 80 que la dérive du capitalisme financier a révélé ses capacités de nuisance en se déconnectant de l’économie réelle, ce qui a déclenché des réactions nombreuses pour redonner sa place à l’éthique dans l’économie. La liste est longue des initiatives venant de milieux les plus divers pour créer des codes de conduite, des chartes d’entreprises, des mouvements « alternatifs », des ONG, pour stimuler le développement de l’économie sociale et solidaire, jusqu’ aux entrepreneurs sociaux d’aujourd’hui.
Mais ne nous y trompons pas. Nous ne pouvons pas nous satisfaire de « guérillas », si nous ne nous attaquons pas aux fondements mêmes du système financier actuel. Il n’est pas inapproprié de parler d’une sorte d’oligarchie de l’argent. Est-il possible de l’identifier ? Des recherches s’activent dans ce but.
Quelques signes, il faut s’y intéresser
Comme nous ne voulons pas demeurer dans le registre de la dénonciation, je vous propose ces quelques signes qui jalonnent la longue marche de la régulation financière , et la place que chacun peut y occuper.
Il y a d’abord des engagements pour s’impliquer , dans le micro-crédit, en souscrivant à Oikocredit , né dans les années 70 sous forme de banque coopérative , pour aider de petites entreprises de même type de par le monde. On peut aussi rejoindre l’ ADIE , pour permettre à des chômeurs de créer leur entreprise en les accompagnant , et bien sûr il ne faut pas se retenir de « pétitionner » pour que dans la suite du G 20 de Novembre , on continue de rogner les ailes aux paradis fiscaux.
Il y a ensuite les pressions que nous ne pouvons exercer que rassemblés (partis, syndicats, associations) pour rendre à la finance (à commencer par les banques) sa fonction de servante de l’économie réelle. C’est l’action de « lobbying » qu’exercent à Bruxelles des centaines d’entreprises, d’ONG et d’associations , des plus transparentes aux plus louches. Or, vient de naître en Juin dernier, Finance Watch sous le parrainnage de parlementaires de toutes tendances, pour contrer les lobby de la finance. Il faut s’y intéresser , tout comme le CCFD, ATTAC ,OXFAM ou la CFDT .
On peut enfin suivre les informations et la réflexion qui sous-tendent ces actions , en soulignant ,que la taxe TOBIN fait sa réapparition dans les sphère bruxelloises , que les « indignés » se bougent même à Wall Street , que les mesures prises par Obama ont obligé les banques à ne plus utiliser leurs fonds propres pour spéculer, et qu’on devrait discuter en groupe les 22 propositions qui figurent dans le « manifeste d’économistes atterrés « signé par plus de 700 d’entre eux
Même à doses homéopathiques , il y a de quoi nourrir notre espérance !