Culte du 24 mai : Textes et vidéo

Le culte du 24 mai a été préparé par Céline Reid, équipière directrice de la Mission populaire à Nantes, Pierre Brénugat-Valpréda, adhérent nantais de la Mission populaire, animation et prédication de Christophe Brénugat-Valpréda, membre du Comité national et de la Frat’ de Nantes.

Ci-dessous les textes et la vidéo.

 

Musique : Pierre Brénugat-Valpreda

Accueil et Prière : Christophe Brénugat-Valpreda

Avant d’entrer pleinement dans notre temps de culte, je vous propose la lecture d’un texte sacré :

« Dieu désire pour vous la facilité et non point la difficulté. Exaltez la grandeur de Dieu qui vous a dirigés. Peut-être serez-vous reconnaissants. »

Seul ce texte du Saint Coran, de la sourate II (appelée ‘’La Vache’’) au verset 185, fait une référence ténue à la fête de l’Aïd El Fitr. Aujourd’hui, ayons une pensée, une prière pour nos frères musulmans qui célèbrent la fin du Ramadan.

Musique : Pierre B.-V.

Accueil et Prière : Christophe Brénugat-Valpreda

« Comme Les disciples parlaient encore (nous rapporte Luc dans son Evangile), Jésus fut présent au milieu d’eux et il leur dit ‘’La paix soit avec vous.’’ Effrayés et remplis de crainte ils pensaient voir un esprit ‘’.

Les disciples viennent de vivre, il y a peu de temps, un événement dramatique, la réduction à néant de leur espérance, et pourtant des signes de vie réapparaissent.

Aujourd’hui encore Jésus vient nous dire, nous rappeler, là où nous en sommes, qui que nous soyons le souhait de l’Eternel notre Dieu : ‘’La paix soit avec vous’’.

C’est cette paix, cette Shalom qu’à mon tour je vous annonce et que nous partageons les uns avec les autres malgré et avec les distances qui nous séparent. Nous nous unissons au Chant Evenou….

Chant : Evenou Shalom Alehem. Sylvain et Ludivine Odier

Louange : Solange Weiss

Au matin de Pâques, avec les femmes au tombeau nous avons reçu cette nouvelle sur Jésus le Christ :

« Il vous précède en Galilée.

C’est là que vous le verrez comme il vous l’a dit »

(Marc 16,7)

Alors depuis ce matin là,

Dans nos Galilées quotidiennes,

brassant le ciel avec la terre

Nos cœurs sont en alerte

et s’écrient parfois  avec reconnaissance: MERCI !

Prière d’Inge Ganzevoort adaptée:

Notre Dieu, merci

pour les vivants

qui ont pu traverser la terre

depuis l’aube des temps

jusqu’à maintenant1

Merci pour les vivants qui ont traversé la terre

et dont les paroles de pardon,

les gestes d’amour,

les actes de courage,

les chants d’espoir et de joie

sont parvenus jusqu’à nous

et nous ont permis de tenir debout dans l’existence.

Merci pour les vivants qui ont traversé la terre

éclairés par ta Parole

et qui nous ont révélé la lumière de ton visage.

Merci pour les vivants, les proches, les inconnus et les voisins

qui ont traversé notre vie2

en déposant la tendresse

sur le déroulement de nos jours.

Sans eux, notre existence serait restée

une longue marche solitaire et vide.

Merci pour leur amour,

leur présence et leur regard:

ils nous ont fait naître à la vie de chaque jour.

Merci pour l’espérance

que tu enracines en nous,

grâce à Jésus, le Vivant, ton Fils,

passeur de toutes les nuits

et de toutes les morts.

Béni sois-Tu notre Dieu, en Jésus-Christ!3

Chant : Merci (chant de la Mission Populaire) Michel et Pascale Olivier

Repentance (Céline Reid)

Cette semaine, les résidents musulmans du foyer et moi avons pris le temps de parler de la rencontre entre chrétien et musulmans. De ce qui nous sépare ou de ce qui nous rassemble, du vivre ensemble ou du vivre avec. Ils sont bien placés pour en parler, car ils abordent leur dernière semaine de ramadan dans un lieu de vie partagé à 15 hommes, dont certains sont musulmans, d’autres chrétiens, d’autres athées. Au-delà des identités spirituelles, les questions du vivre ensemble résonnent en chacun de nous. Dans nos fraternités, nos boulots, nos foyers, notre voiture, avec nos familles, nos amis, nos collègues, voisins, nous touchons de près nos limites du vivre ensemble. Souvent, nous vivons avec, parfois, vous vivons sans, dans l’ignorance. Quand non limites se tendent, nous les protégeons, édifions des murs, vivons contre les autres, prenons les armes, quelques soient leurs formes. Seigneur, quand je me sers de la parole, de mon intelligence, de ma force pour heurter, que je me serve des autres pour mon profit personnel, c’est toi que je blesse. Mon Dieu, je te demande pardon. Je te demande aussi de m’aider à demander pardon à ceux que j’ai heurtés et à pardonner ceux qui me heurtent.

Grâce

Dans ta bonté Seigneur, tu nous pardonnes, car ton amour pour nous est inconditionnel. Comme un ami, tu nous connais et tu nous aimes quand même. Comme un ami, tu nous pardonnes, et continues la route avec nous. Avec toi Seigneur, nous grandissons dans la confiance et l’espérance.

Loi

Seigneur, tu nous pardonnes et nous laisses libre. À travers ton Fils, tu nous montres ce que tu attends de nous, ce que tu espères pour nous. Pendant cet échange à la Frat, les résidents du foyer ont évoqué les guerres de religions entre chrétiens et musulmans. Cela m’a rappelé l’assassinat des moines de Tibhirine et leur dernière prière. « Désarme-moi, désarme-les , désarme-nous ». Seigneur, ton pardon m’apporte la paix. Aide-moi à ne pas transformer cette paix en confort. Un confort qui m’éloigne des efforts que je dois faire pour ne pas retomber dans mes vieilles habitudes, mes réflexes de défense quand je me sens attaquée, à ne pas reprendre mes armes habituelles. C’est un effort de choisir de faire autrement, d’essayer une alternative pour gérer les conflits qui me bousculent et les peurs qui me traversent. « Désarme-moi, désarme-les , désarme-nous ». Par cette prière, Frère Christian nous rappelle que dans le conflit demeure le lien, dans le désaccord demeure le « nous ». Ce sont les armes, les moyens que nous prenons pour gérer les désaccords qui heurtent. Quand il y a conflit, le lien se tend. Une juste tension est à trouver pour ne pas que le lien se rompe. Seigneur, donne-nous le courage et la créativité pour trouver des chemins fraternels afin de respecter et faire respecter nos limites nécessaires et bienfaisantes, garante du lien entre nous. Le chanteur Miossec disait, « que devient ton poing quand tu tends les doigts ? » Poing dans la gueule ou poignée de main, c’est à nous de choisir. Mais poser les armes fait peur. Changer fait peur. C’est risqué, c’est vrai. Mais vivre armé nourrit la violence et nous éloigne de toi, Seigneur, de ton amour, de l’amour de notre prochain et de l’amour pour nous même. Par ton pardon renouvelé, ton amour inconditionnel, la liberté que tu nous offres, par ton Fils Jésus, tu nous montres le chemin à suivre. Prenons ta main Seigneur et laissons nous guider. Prenons le risque, à partir de soi-même et autour de soi, avec nos frères et sœurs, ceux que nous aimons déjà et ceux que nous n’aimons pas encore, de construire un monde de paix.

Chant : Béni soit ton nom. Ludivine et Sylvain O.

La Bible : Xtophe B.-V.

Prions : Nous sommes comme l’argile dans les mains du potier. Que ta Parole, Eternel notre Dieu, nous travaille et nous transforme. Amen

Lc XXIV, 50-53

Jésus emmena les onze et leurs compagnons au dehors, jusque vers Béthanie ; et, levant les mains, il les bénit.

Or, tandis qu’il les bénissait, il se sépara d’eux et il était emporté au ciel.

Ils se prosternèrent devant lui, puis ils retournèrent à Jérusalem, en grande joie.

Et ils étaient sans cesse dans le Temple à bénir Dieu.

Act I, 6-12

Ainsi réunis, les Apôtres l’interrogeaient : « Seigneur, est-ce maintenant le temps où tu vas rétablir le royaume pour Israël ? »

Jésus leur répondit : « Il ne vous appartient pas de connaître les temps et les moments que le Père a fixés de sa propre autorité. Mais vous allez recevoir une force quand le Saint-Esprit viendra sur vous ; vous serez alors mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre. »

Après ces paroles, tandis que les Apôtres le regardaient, il s’éleva, et une nuée vint le soustraire à leurs yeux.

Et comme ils fixaient encore le ciel où Jésus s’en allait, voici que, devant eux, se tenaient deux hommes en vêtements blancs, qui leur dirent : « Galiléens, pourquoi restez-vous là à regarder vers le ciel ? Ce Jésus qui a été enlevé au ciel d’auprès de vous, viendra de la même manière que vous l’avez vu s’en aller vers le ciel. »

Alors, ils retournèrent à Jérusalem depuis le lieu-dit « mont des Oliviers » qui en est proche, – la distance de marche ne dépasse pas ce qui est permis le jour du sabbat.

Prions : Ta Parole Seigneur est vérité, guide par ta vérité. Amen

Prédication : Xtophe B.-V.

Après la lecture de ces deux textes, nous pourrions être tentés de nous dire : « la prédication va être très courte et tenir en 8 mots : Circulez, il n’y a rien à voir ».

Et pourtant….

Il y a un peu plus de 40 jours nous célébrions la Pâque, dans une semaine la Pentecôte, aujourd’hui nous vivons, nous regardons ce que nous appelons l’Ascension.

Ces 3 fêtes, c’est 3 temps, nous invitent bien à ne pas rester immobiles face à un tombeau vide ou face à un ciel immense, infini et insaisissable. 3 Temps pour ne pas rester en face du vide.

Nous venons de lire et écouter 2 textes attribués au même auteur que nous nommons Luc, avec un traitement de l’événement différent et même avec un même lieu nommé différemment :

– Dans l’Evangile nous sommes à Béthanie (un village de Judée, sur un versant du mont des Oliviers)

– Dans les Actes nous sommes au mont des Oliviers.

Les 2 textes ont un objectif différent.

L’auteur fait donc deux fois le même récit afin d’en proposer une double lecture :

– L’Evangile envisage l’Ascension comme la conclusion de l’activité de Jésus,

– tandis que le texte des Actes des Apôtres la conçoit comme une ouverture au temps du témoignage.

Autrement dit Luc nous fait prendre conscience que nous sommes à un moment, un événement charnière. Si l’ascension est un point final, paradoxalement elle est un point de départ.

– D’une part il s’agit de la fin d’un compagnonnage, la fin d’une expérience unique, d’une sorte de parenthèse dans leur vie.

– Et d’autre part le début d’une mise en pratique après une formation : les disciples ont passés leur CAP de missionnaire, ils sont presque prêts à être envoyés, manque encore cette force qui doit leur être donnée.

N’est-ce pas une expérience à laquelle nous sommes invités à des moments charnières de nos vies ? La fin de quelque chose est le point de départ d’autre chose. Une fin qui devient une chance.

Revenons à la géographie, ce qu’elle peut nous dire, ce qui fût un fruit de ma méditation :

Le village de Béthanie est à « quinze stades » quelques kilomètres de Jérusalem.

C’est à Béthanie, que sont situés, par les évangélistes, la résurrection de Lazare, la réception de Jésus par Simon le Lépreux et l’onction de Béthanie...etc.

Béthanie est le village de l’amitié. Sur la route de Jérusalem, Jésus s’y arrêtait souvent pour rendre visite à ses amis Marthe, Lazare et Marie. La mort de Lazare a été une occasion pour Jésus de témoigner de son affection remplie d’humanité pour son ami. Jésus y est touché par sa mort : il pleure, il verse des larmes.

La situation du lieu de l’événement dans les Actes va orienter notre réflexion différemment : le Mont des Oliviers nous plonge directement dans les heures sombres qui ont suivies le dernier repas de Jésus avec ses disciples, c’est le lieu de son arrestation, de l’angoisse, certainement du doute !

Le lieu de l’Ascension est à la fois le lieu de la vie, de l’amitié, des larmes, mais aussi le lieu où la mort de Jésus lui est devenue une évidence.

Ces textes de l’ascension nous disent qu’il nous faut faire le deuil de la présence de Jésus de Nazareth, comme les premiers témoins ont dû le faire.

Le deuil qui accompagne la mort d’un ami certes.

Mais aussi :

– celui lié à la perte d’une espérance, peut-être même d’une fausse espérance.

C’est aussi leur espérance que les disciples pleurent à la mort de Jésus, comme le disent les pèlerins d’Emmaüs : « Nous espérions que ce serait lui qui délivrerait Israël » (Lc XXIV,21). C’est ce que disent également les apôtres à l’Ascension : « Seigneur, est-ce en ce temps que tu rétabliras le royaume d’Israël»

Tous, ils attendent que Jésus prenne enfin le pouvoir, le pouvoir politique… pour que tout aille mieux.

Encore une fois nous voudrions qu’il fasse les choses à notre place.

Et en fait ainsi nous pourrions enfin vivre déresponsabilisés.

L’ascension nous pousse à devenir adulte, à prendre nos responsabilités, à nous engager.

Ce n’est pas Dieu qui va changer le monde, apporter le pain et la justice là où il y a la guerre et la famine, c’est de la responsabilité de l’homme :

– A l’écoute de son Créateur, dynamisé par l’Esprit et fidèle à l’enseignement de notre frère Jésus, que nous prendrons notre part dans le salut du monde.

L’Ascension nous invite à convertir notre espérance.

A convertir, purifier ce que nous attendons de Dieu, à purifier notre prière. En Christ, nous naissons à la vie adulte, en Christ qui n’est plus là pour faire à notre place, il n’est plus présent de la même façon, il est monté au ciel, c’est du moins l’image symbolique que nous propose Luc.

Donc, il y a dans ces textes une dualité :

– Entre d’un côté le ciel, lieu symbolique de l’infini, de l’impossibilité d’en saisir quelque chose, de s’en approprier, celui de Dieu, qui nous attire vers plus grand que nous, toujours au-delà de nous, au-delà de nos capacités de penser.

– Et de l’autre côté la terre, lieu de la finitude, de notre concret, lieu que nous sommes condamné à fouler de nos pieds chaque jour. La terre est ce lieu que nous connaissons bien, c’est sans doute notre lieu de confinement pour le temps de notre vie. La terre est ce lieu que nous habitons et que nous devons habiter pleinement. Aujourd’hui, j’ose espérer que nous n’avons plus besoin d’hommes en vêtements blancs pour nous rappeler notre mission : Arrêter de regarder le ciel, participer à la construction du Royaume de Dieu aujourd’hui et ici.

Donc, en effet, « Circulez, il n’y a rien à voir »,

« Circulez et construisez ; vivez libres ».

Amen.

Instrumental : Sylvain O.

Intercession : Pierre B.-V.

La commission écologie et justice climatique de la Fédération Protestante de France, par la voix du président François Clavairoly ; a porté pendant le confinement, un texte à la présidence de la république, texte qui m’a inspiré cette prière :

Eternel, nous voulons te prier encore.

En ces temps dramatiques, face aux plus fragiles, aux situations trop souvent négligées… quand nos actes menacent de rendre la terre inhabitable :

Cette crise provoquerait une myopie de l’action ?!!!!!!!

Myopie dévastatrice pour nos sociétés humaines, la biodiversité, la solidarité… !!!!!!!!!!!

Fais-nous voir ! Ne nous laisse pas regarder le ciel !

Et que nous exercions notre vigilance ! Pour que le jour d’après ne soit pas un retour au jour d’avant avec nos illusions d’individualisme et d’invulnérabilité.

Eveille en nous la reconnaissance de nos errements, notre désir de toute puissance technique, d’asservissement de la nature.

Eclaire nous : que nous saisissions notre finitude, nos fragilités, nos limites. Que nous comprenions que toute vie est faite de relations, d’échanges, de solidarités.

Invite-nous à approfondir ce qui a émergé de positif pendant ce temps de confinement.

Inspire-nous de profondes transformations écologiques et justes, solidaires et démocratiques, bénéficiant en premier lieu aux plus précaires.

Quand d’autres crises couvent en silence et parce que l’espoir est une des forces et le moteur de toute transformation :

Nous voulons être fidèles à l’Espérance que TU nous as apporté.

Enfin redisons ensemble « ta prière » :

« Notre Père… »

 

Envoi et Bénédiction : Xtophe B.-V.

« À vous d’être les témoins.  Et moi, dit Jésus, je vais envoyer sur vous ce que mon Père a promis. Quant à vous, demeurez dans la ville jusqu’à ce que vous soyez revêtus d’une puissance venue d’en haut. »

A notre tour nous avons reçu ce que Dieu notre Père a promis, pour annoncer et construire le Royaume, pour nous engager au service de nos frères. Dieu notre Père nous béni et nous donne sa Paix. Amen.

Chant : Bella Ciao Michel et Pascale O.

 

 

1 Dans la version originale :

Notre Dieu,

nous te disons merci pour les vivants

qui ont traversé la terre

depuis l’aube des temps

jusqu’à maintenant

2 ajout

3 Dernière phrase adaptée à la louange pas dans la version originale