Credo… ma non troppo

par Jean-Pierre Molina, pasteur retraité actif

“Si nous espérons en Jésus Christ pour cette vie seulement nous sommes les plus malheureux de tous les hommes.” (1)

Cette parole de Paul a certainement rencontré l’assentiment général des Protestants des siècles passés. Mais combien parmi leurs descendants peuvent la répéter aujourd’hui sans aucune arrière pensée ? Et plus largement, où en est l’espérance chrétienne en 2011? Exposée dans les médias au zèle de vulgarisateurs à gros sabots qui annoncent à la cantonade qu’Abraham, Moïse, David, Jésus, Homère, Jean Moulin … « n’ont pas existé » elle est brutalement chahutée. Par ailleurs, dans la vraie vie, il n’est pas rare d’entendre des enfants de six ans affirmer qu’ils ne croient pas en Dieu et des personnes âgées qu’elles n’attendent plus une autre vie. Petit à petit dans les explications offertes au peuple par ses pasteurs la résurrection, l’Exode, les miracles, le prophétisme, les guérisons, les visions … deviennent des symboles, du langage ou de la psychanalyse en libre accès. Si l’on ajoute à ce tableau les interdits d’expression imposés au christianisme par une laïcité dénaturée on peut se demander quelle place reste à la foi. Que croient encore les chrétiens aujourd’hui, en dehors des réponses qu’ils donnent aux sondages d’opinion ?

Eh bien il y a des fidèles ordinaires qui croient : j’en ai rencontré!

Ce n’est pas qu’ils soient passés à côté de leur siècle et des changements culturels qui ringardisent leur foi d’enfants mais parce qu’ils sont devenus adultes. Pas non plus qu’ils soient passés entre les gouttes du progrès scientifique et du soupçon rationaliste mais parce qu’ils sont allés plus loin que leur propre athéisme. Comme la plupart de leurs contemporains ils ne croient que ce qu’ils voient mais eux se savent myopes. Par-delà l’évidence bornée ils vont à la poursuite d’une vérité littéralement adorable, du même pas qu’Abraham, l’homme qui marchait parce qu’il devinait un pays derrière l’horizon aveugle.

Ce n’est pas qu’ils soient passés à côté de leur siècle et des changements culturels qui ringardisent leur foi d’enfants mais parce qu’ils sont devenus adultes. Pas non plus qu’ils soient passés entre les gouttes du progrès scientifique et du soupçon rationaliste mais parce qu’ils sont allés plus loin que leur propre athéisme. Comme la plupart de leurs contemporains ils ne croient que ce qu’ils voient mais eux se savent myopes. Par-delà l’évidence bornée ils vont à la poursuite d’une vérité littéralement adorable, du même pas qu’Abraham, l’homme qui marchait parce qu’il devinait un pays derrière l’horizon aveugle.

En effet, entre les 1000 et une façons de penser l’infini, la mort et toutes les grandes questions qui donnent à la vie sens ou non-sens, l’évangile de Jésus offre une proposition que rien ne peut réduire à de la statistique : il y a Dieu et pas le néant ; Dieu est tellement plus et tellement mieux et tellement autre et tellement au-delà de nos moyens de compréhension que la seule voie de communication entre Lui et nous est l’amour. L’infini, le gouffre qui s’ouvre devant nous est amour ; quand on a le courage d’y penser un instant cette idée ne débarrasse pas du vertige mais elle guérit le désespoir. Elle se place au niveau où la raison rejoint la poésie. Du Stabat mater au negro spiritual , de la Réforme aux repas de solidarité avec les SDF elle a inspiré des chefs d’oeuvres inoubliables et sa veine ne tarit pas. Lorsque les convictions des détracteurs de la foi biblique auront suscité le même niveau de créativité on pourra causer.

(1) 1Corinthiens 15/ 19