« Bénévole de ses propres zèles »
On les désignait du nom de leur action : chasseurs, boulistes, protestants, colombophiles, communistes, croixbleusards, louveteaux… Ils étaient membres d’une association librement constituée et n’en faisaient pas une fromage : il s’agissait d’appartenance.
Aujourd’hui on les appellent bénévoles et il s’agit de compétence individuelle et de service rendu. On se met à parler de droits et de statuts du bénévole et il est difficile de ne pas voir que les institutions qui l’accueillent sont ainsi priées d’offrir à ce travailleur sans patron une part de ce que l’entreprise ne veut plus lui donner. Mieux : aux moment où l’entreprise, la grande, celle qui licencie, réclame de ses salariés l’adhésion du coeur et refuse de leur garantir la stabilité de contrat, on voit arriver des bénévoles qui réclament de l’association garanties et reconnaissance – et lui refusent leur adhésion. On se venge où on peut.
Quoi qu’il en soit, la question des pouvoirs et devoirs du bénévole, indissociable de la définition de l’association, a depuis les abords de l’an 2001 donné lieu à quelques textes et institutions qui devraient nous stimuler dans la mesure où ils cherchent à garantir la démocratie associative et le caractère gratuit des liens qui s’y nouent. Car il est délicat l’équilibre qui permet au bénévole – le bien voulant, l’homme de bonne volonté – de ne pas usurper son nom et à la collectivité de ne pas abuser de son bon vouloir : entre gratuité du geste et marché du dévouement, société civile et récupération étatique, applaudissements officiels et flicage administratif, solidarité privée et privatisation du social, entre bricoleur sans moyens et ONG capitaliste, entre protégé et asservi…. entre liberté et libéralisme.
Jean-Pierre